Les émotions
Il arrive fréquemment que la demande des personnes qui consultent soit « je voudrais maîtriser mes émotions ». Certaines émotions comme l’angoisse, la tristesse, la colère, etc… nous dérangent et nous avons pris l’habitude de les chasser, de serrer les dents pour tenter de les faire taire, de les mettre « sous le tapis ». Le problème est qu’une émotion est un signal que notre corps/esprit nous envoie pour nous informer que quelque chose nous rend triste, nous énerve, nous inquiète… Il est donc fondamental de l’écouter pour notre protection et notre bien être. Comme la douleur physique qui nous informe qu’il nous faut enlever rapidement le doigt d’une tasse brûlante. Si nous n’écoutions pas ce message, nous y laisserions notre doigt. Les émotions sont « malheureusement » moins intenses qu’une sensation de brûlure qui nous oblige à l’écouter instantanément et à réagir pour nous protéger.
Comme ces émotions font mal, nous préférons souvent ne pas les écouter.
Que faites vous quand quelqu’un ne vous écoute pas ? Vous parlez plus fort, puis de plus en plus fort, puis vous criez, vous touchez la personne, vous la secouez, que sais-je… jusqu’à vous faire entendre. Les émotions font de même : d’abord elles vont s’exprimer à un moment précis sous la forme d’une envie de pleurer, d’une boule au ventre, d’un léger malaise, d’un énervement soudain. Si nous continuons à les ignorer ou à les repousser, elles peuvent au fur et à mesure s’installer dans nos vies sournoisement et donnez des crises d’angoisse qui menacent d’apparaître à tout moment, des crises de larmes inexpliquées, des peurs irrationnelles, des phobies, des colères qui sortent de nulle part avec parfois l’impression de ne plus être soi-même. Bref, moins nous les écoutons et plus elles tentent de se faire entendre par n’importe quel moyen. Elles grossissent à l’intérieur de nous, deviennent souvent ingérables et sortent par tous les côtés, nous rendant irritables, hypersensibles, dépressifs, insomniaques, « bipolaires », etc….
Cela peut même à terme déclencher une maladie. En effet, les émotions sont le résultat de la production de substances chimiques. Nous les ressentons dans notre esprit (ce que nous qualifions de tristesse, colère, honte, etc….) et aussi dans notre corps sous la forme d’une boule au ventre, une oppression dans la poitrine, la gorge serrée… Les émotions qui font souffrir notre esprit font donc logiquement souffrir notre corps puisqu’elles s’y expriment aussi biologiquement. Imaginez les effets sur l’organisme d’une telle émotion ou sensation douloureuse ressenties sur le long terme.
mais que veut dire écouter une émotion ?
D’abord il est essentiel d’avoir à l’esprit que chaque émotion a sa raison d’être, même si elle vous parait disproportionnée ou hors sujet. Il paraît plus constructif d’accueillir l’émotion et d’être curieux de trouver ce qui l’a déclenchée plutôt que de la juger inappropriée ou ridicule, ce qui vous pousse souvent à la repousser.
Écouter son émotion, c’est en premier lieu la laisser venir à la surface. Par exemple en fermant les yeux et en localisant où le malaise se situe dans votre corps. Une fois l’endroit repéré, il s’agit de vous concentrer sur la sensation que vous ressentez physiquement (boule au ventre, envie de pleurer, pointe dans la gorge, sensation d’étouffer…). Puis recherchez de quelle émotion il s’agit : colère, tristesse, honte, peur, dégoût… Enfin, restez bien focalisé sur la sensation corporelle aussi longtemps que nécessaire.
Mettre le doigt sur l’émotion et sur sa raison d’être a souvent pour effet de la rendre moins intense. Si elle reste douloureuse, il peut être intéressant de travailler sur la perception de ce qui a produit l’émotion en thérapie. On aidera alors le psychisme à traiter l’émotion. Elle n’aura donc plus lieu d’être puisque son message aura été écouté.
Je suis intimement persuadée que le bonheur passe en partie par l’écoute de nos émotions et leur identification au quotidien.